Située à la croisée de grandes métropoles (Lyon, Grenoble, Clermont-Ferrand), de vastes espaces ruraux et de massifs montagneux, l’Auvergne-Rhône-Alpes (AURA) a vu s’accentuer, au fil des années, l’écart en matière d’espérance de vie, de prévalence des maladies chroniques, d’accès aux soins et de santé mentale (Source : ORS Auvergne-Rhône-Alpes, Observatoire régional de la santé).
Certaines zones du Massif central, comme le Cantal ou la Haute-Loire, cumulent plusieurs facteurs aggravants :
Selon la DREES (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques), près de 40% de la population du Cantal vit dans une zone considérée comme « sous-dotée » en offre médicale. À cela s’ajoute la difficulté d’accès aux structures de prévention, aggravant le retard au diagnostic et la prise en charge tardive des pathologies.
À l’opposé du rural, certains quartiers populaires urbains cumulent également les handicaps :
Le rapport du Pr Bernard Charpentier sur les inégalités de santé (2019) note ainsi que dans certains quartiers prioritaires de Lyon et Grenoble, l’écart d’espérance de vie avec les zones aisées peut dépasser quatre ans.
Anciens bassins industriels frappés par le chômage, ces territoires font face à des enjeux sanitaires spécifiques :
La “Vallée de la chimie” au sud de Lyon concentre par exemple un risque de pollution chronique de l’air (ATMO Auvergne-Rhône-Alpes, 2022), avec impact documenté sur les maladies respiratoires de l’adulte et de l’enfant.
| Indicateur | Département "favorisé" | Département "en difficulté" |
|---|---|---|
| Espérance de vie à la naissance (femmes, 2021) | Rhône : 87,6 ans | Allier : 84,3 ans |
| Taux de mortalité prématurée (pour 100 000 habitants, 2020) | Haute-Savoie : 218 | Cantal : 268 |
| Taux de pauvreté (2020) | Ain : 9,5% | Allier : 18,2% |
| Densité de médecins généralistes (pour 100 000 habitants, 2021) | Rhône : 207 | Ain : 97 |
(Source : Insee, ORS, Drees, Atlas santé 2022)
La crise sanitaire de 2020-2022 a révélé et accentué ces fractures :
Face à ces inégalités, les initiatives foisonnent, portées par des collectivités, des associations, et des professionnels de santé engagés :
Si leur impact reste encore difficile à mesurer à grande échelle, des signaux positifs émergent : augmentation de la couverture vaccinale en quartiers avec médiateurs de santé (ORS, 2022), amélioration de l’accès à un médecin traitant dans les villages ayant intégré des infirmiers Asalée (Action de Santé Libérale en Équipe).
Les disparités de santé en Auvergne-Rhône-Alpes suivent des logiques multidimensionnelles, impliquant à la fois la démographie médicale, les données sociales, l’environnement et le tissu associatif local. Mieux les documenter, à l’échelle fine des bassins de vie, est indispensable pour cibler les politiques de santé. La région s’est dotée en 2023 d’un Observatoire spécifique sur les inégalités de santé, qui actualise régulièrement ses cartes et tableaux de bord (ORS AURA).
Face à une démographie médicale en déclin dans certaines zones, à l’accroissement de la précarité et aux nouveaux enjeux de santé environnementale, la réponse ne peut être uniquement soignante. Elle doit mobiliser l’éducation, le lien social, l’accès au logement, et surtout amplifier les bonnes pratiques innovantes repérées sur le terrain. La compréhension de ces disparités et leur visibilité sont le premier pas vers des solutions collectives et solidaires à la hauteur du défi.